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Bien connaître les difficultés du métier de syndic !

« Non. Je ne suis pas syndic de copropriété, je deviens psychiatre ». Cette phrase m’a été dite par un confrère et j’ai trouvé qu’il avait tellement raison que je me suis remémoré les faits (ou plutôt les difficultés) marquants de ma semaine.

Lundi (jour férié) : toute l’équipe était au paradis. Tous au travail pour rattraper notre retard et nous mettre à jour des dossiers qui traînent. Porte et téléphone fermés. Bref, le bonheur de faire le job sans être dérangé toutes les 4 minutes et de prendre le temps de se parler tranquillement. Communiquer au sein de l’équipe sans la pression des rdv et des coups de téléphone. Le pied pour tout le monde. J’en viens à me demander s’il ne serait pas bon  pour l’équipe de fermer un jour dans la semaine ! ou tous les jours, lol.

Mardi : j’apprends qu’une de mes collaboratrices se fait battre par son mari ! ouf ambiance plombée dans la boite. N’oubliez que j’ai presque que des femmes dans mon équipe. Sujet sensible, compte tenu de son absence le lendemain et le surlendemain. Inquiétude !

Mercredi : nous recevons un dépôt de plainte d’une jeune homosexuelle à son voisin qui raconte les horreurs subies, la violence physique perçue avec tous les détails sur les insultes et les dégradations constatées de sa porte etc… Personne n’a été physiquement touché mais le mec va revenir. C’est leur voisin de palier…elles font quoi ?

Jeudi : un confrère qui traîne pour solutionner avec un vulgaire dégât des eaux infiltrant par la façade m’insulte au téléphone car je lui demande de changer de ton avec moi. Il éructe que le constat n’est pas rempli, se demande comment j’ai pu créer et gérer ma société. Sauf que je me suis pas laissé faire et lui ai renvoyé toute sa violence à la figure. Apeuré, il me raccroche au nez quand je lui demande de me fixer un rdv. Il se permet après d’appeler une de mes collaboratrices pour la sauver du fou que je dois être…

Vendredi : le fournisseur m’avait cassé un ordinateur car j’avais eu l’outrecuidance de lui demander de me transmettre la facture avant de le payer, revient comme une fleur me demander le règlement de sa facture. Vous croyez qu’il l’a demandé gentiment ?

Putain de violence. Les difficultés de métier de syndic s’accumulent.

Sans oublier un jugement qui reste une perle :  une jeune juge de proximité qui vient d’être nommée et qui refuse de condamner un propriétaire débiteur de 12 mois de charges impayées prétextant que l’attestation de propriété de 2005 est trop ancienne…que les appels de fonds ne lui ont pas été fournis…que je n’ai pas attesté que l’assemblée générale n’avait pas été contestée.
Bref qu’à ses yeux ma démarche était suspecte ! et oui un syndic qui demande à ses copropriétaires de payer leurs charges, c’est suspect !! Il faut donc l’emmerder !
Un citoyen normal doit se justifier car il est présumé coupable de quelque chose, surtout quand il remplit sa mission.
Une juge…

Heureusement que la semaine est finie ! Des fous ? Des malades ? J’en viens à me dire que je ne suis plus syndic ou gestionnaire immobilier mais que je passe mon temps à me battre contre les effets de cette violence, à me débattre dans l’épaisseur de la réalité, à me préserver de cette colère et à préserver mon équipe de la folie qui nous entoure.

Ces 3 ou 5% de fous sont-ils soignés en psychiatrie ou il nous revient à nous de les soigner? On fait comment ? Ok Ils souffrent tellement qu’ils se sentent menacés et menacent leurs clients, leurs confrère, leurs voisines, leur épouse.  Mais moi, je ne sais pas faire, ce n’est pas mon job et honnêtement je m’en fiche. Qu’ils se tiennent le plus loin de nous est tout ce qui m’importe…

Comment fait-on quand les difficultés de notre environnement nous polluent à ce point ? Le principal effort que nous devons faire est-il de rester lucide sur la réalité ? Sur les autres et sur nous-même ?

Les politiques et les juges qui vivent protégés par les institutions ne s’en rendent-ils pas compte ?

Ce qui est certain, c’est que le système ne protège plus l’ordre, la responsabilité, le citoyen lambda. Vous croyez qu’il faut être victime pour être protégé ? Non encore raté, ceci est faux. Il faut être victime et continuer à se battre.

Nous ne pouvons pas construire 200 000 places de prisons et 100 000 places d’hôpitaux psychiatriques ?

Nous allons continuer à subir les barbares dans  nos rues?Pendant encore combien de temps ?

Continuer à baisser la tête pour faire semblant de ne rien voir ?

J’ai 42 ans, je respire ma ville et adore mon métier mais je n’avais jamais imaginé cela !

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